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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 1, 1763.djvu/52

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car il nous a vanté plusieurs parties de la sienne ; & lorsqu’il en a trouvé l’occasion, il est toujours tombé sur le même point. Ce qui acheve de le peindre pour moi, c’est qu’aussi souvent que la conversation a pris un tour sérieux, il s’est levé de sa chaise, en fredonnant un air italien, quoiqu’il s’y entende fort peu ; mais il sembloit prendre plaisir au son de sa propre voix. Cet admirable homme s’est rappelé quelques magnifiques complimens, qu’il m’a fait l’honneur de m’appliquer, en paroissant s’attendre que j’en prendrois meilleure opinion de moi-même. Je ne m’étonne point que les hommes en aient une si mauvaise des femmes, s’ils nous croyent capables d’entendre avec plaisir tant de sottises, hazardées sous le nom de complimens.

Nous avons eu, cet après-midi, la visite de Miss Stevens, fille du Colonel de ce nom. Elle se ressent du mérite de son pere, qui passe pour un homme du premier ordre. Je n’ai pas vu de physionomie plus intéressante, avec moins d’affectation. Ma cousine Reves dit qu’elle a beaucoup de lecture ; mais on ne s’apperçoit point qu’elle en tire vanité. Elle étoit accompagnée de Miss d’Arlington, qui est sa parente, & qui a du talent pour la Poésie. À la prière de Mme Reves, Miss d’Arlington nous a lu deux ou trois de ses productions. Comme elle n’y a consenti qu’après quelque résistance, je ne sais s’il m’est permis d’en parler. L’une étoit sur