fiance à la discrétion de ma chere Charlotte, elle trouvera dans l’acte que je lui laisse ici, sa fortune & son indépendance assurées d’une maniere irrévocable, suivant les droits dans lesquels je reconnois qu’elle est entrée depuis la mort de mon Pere. La qualité d’Exécuteur, qui est la seule que je prétens dans cette occasion, ne me laisse point d’autre mérite que celui d’avoir rempli les intentions des Auteurs de notre naissance, telles qu’on doit justement les supposer. Chérissez donc leur mémoire. Souvenez-vous, dans le choix d’un Mari, que c’est le nom de Grandisson que vous changerez pour un autre. Cependant, avec tout mon orgueil, qu’est-ce qu’un nom ? C’est l’homme qui doit être digne de vous. Quel que soit celui sur lequel vous ferez tomber votre choix, je l’embrasserai avec tous les sentimens d’un Frere. »
L’acte étoit pour la même somme qu’il avoit donnée à Miss Caroline, & portoit intérêt jusqu’au mariage de Charlotte, qui devoit alors la toucher comme sa Sœur. Elles se féliciterent toutes deux avec des larmes de tendresse & de joie. Caroline trouva son Frere ; mais, en approchant de lui, elle ne put prononcer un mot du remerciment, qu’elle avoit médité. Elle prit sa main, qu’elle serra long-tems contre ses levres, en le bénissant de cœur, mais sans retrouver la force