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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/127

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du Chev. Grandisson.

d’exprimer autrement sa reconnoissance. Dans le tems qu’il l’embrassoit & qu’il la prioit de s’asseoir, Charlotte entra pour se livrer aux transports des mêmes sentimens. Il la plaça près de sa Sœur ; & tirant un Fauteuil, sur lequel il s’assit vis-à-vis d’elles, il leur prit une main à chacune, & leur tint ce discours à voix basse, comme s’il eût appréhendé d’être entendu par d’autres témoins de ses bienfaits : « Vous êtes trop sensibles, mes chères Sœurs, à ces justes témoignages de la tendresse d’un Frere. Il a plu au Ciel de nous enlever les respectables personnes à qui nous devons le jour. Nous sommes entre nous plus que des Freres & des Sœurs, puisque nous devons nous tenir lieu des chers Parens qui nous manquent. Ne considérez d’ailleurs en moi que le Ministre d’une volonté, qui devoit s’expliquer par un Testament, & qui l’auroit fait sans doute, si le tems l’eût permis. Ma situation est plus aisée que je ne m’y étois attendu ; & plus, j’ose le dire, par les arrangemens que j’ai pris depuis mon retour, que mon Pere ne se l’imaginoit lui-même. Je ne pouvois faire moins pour vous, puisque j’ai pu ce que j’ai fait. Vous ne savez pas combien vous m’obligerez, si vous ne me parlez jamais d’autre reconnoissance que de celle que je veux mériter par mon affection. Et permettez que je vous le représente ; me faire trop connoître que vous ne regardez pas ce que j’ai fait comme un devoir, ce ne