Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
Histoire

Ne vous troublez point à cet excès, lui a-t-il dit ; votre chagrin m’afflige plus que votre erreur : & lui faisant une profonde révérence, il est sorti sur le champ. C’étoit par pitié pour sa confusion, qu’il vouloit lui laisser le tems de se remettre. Elle est demeurée toute interdite. Mylady L… s’est hâtée de lui présenter des Sels : peut-être n’en avoit-elle jamais eu besoin que dans cette occasion.

Que je suis méprisable ! s’est-elle écriée, même à mes propres yeux ! Je vous demande grace, Miss Byron ! Docteur Barlet ! L’accorderez-vous à ma folle persévérance ? Pardon, Mylord, & vous, Mylady, n’aurez-vous pas un peu d’indulgence pour une Sœur ? Mais sir Charles ne cessera jamais de me voir sous un jour si humiliant. Il doit lui en coûter en effet ! Qu’il est vrai qu’une erreur ne manque point d’en attirer d’autres !

Son Frere, entendant sa voix & celle de toute l’assemblée, qui s’efforçoit de la consoler, est rentré sans affectation. Elle a voulu se lever ; & dans la disposition où elle paroissoit, peut-être alloit-elle se jetter à ses pieds. Mais il a pris ses deux mains jointes dans une des siennes ; & de l’autre tirant un fauteuil, il s’est assis auprès d’elle. Une douce majesté reluisoit sur son visage avec la compassion ; il n’a paru terrible qu’aux yeux de Miss Charlotte. Pardon, Monsieur, ont été ses premiers mots.

Oui, chere Sœur, lui a-t-il répondu affec-