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du Chev. Grandisson.

tout ce que j’ai pu dire de contraire, n’est-ce pas ? si cela est, Monsieur, c’est une grande faute de l’avoir désavoué.

Sir Ch. Et c’est ce que je pense uniquement, chere Sœur ; car ce n’est point une faute de donner la préférence à quelqu’un dans votre estime. Ce n’en est point une, de la donner sans avoir consulté votre Frere. Ne me suis-je pas proposé de vous laisser entiérement maîtresse de votre conduite & de vos actions ? Il ne seroit pas généreux de m’attribuer d’autres droits, lorsque je n’ai rien fait pour vous que je ne regarde comme un devoir. Ne m’en croyez pas capable. Non. Mais je m’étois assez expliqué avec vous, pour devoir compter que vous ne me laisseriez pas dire à Mylord G… & même au Comte son Pere, que vos affections n’étoient point engagées, lorsqu’elles l’étoient effectivement.

Miss Grand. Êtes-vous sûr, Monsieur, qu’elles le soient.

Sir Ch. Oh ma Sœur ! qu’il m’en coûte, pour vous pousser comme je fais ! Demeurons-en là. Par considération pour vous-même, n’allons pas plus loin.

Miss Grand. Nommez votre homme, Monsieur.

Sir Ch. Le mien ? oh non, Charlotte ; le capitaine Anderson n’est pas mon homme.

Aussi-tôt sir Charles s’est levé ; il a pris la main de sa Sœur, qui sembloit immobile, il l’a pressée de ses levres.