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Histoire

bition qu’il eut de passer pour le plus galant homme d’Angleterre, ne lui permirent jamais de manquer de civilité & de complaisance… Mais les qualités de Mylady Grandisson méritoient un homme plus tendre & plus réglé. Ses oreilles & ses yeux lui avoient fait illusion. Une femme, qui fait tomber son choix sur un homme admiré de tout le monde, doit s’attendre, s’il n’a pas toute la bonté qu’elle suppose, à lui trouver des inclinations & des goûts qui ne s’accorderont point avec les devoirs domestiques. Elle s’efforça d’abord de l’attacher à sa maison, & de lui faire mettre son bonheur à vivre avec elle. Aussi, l’aima-t-il long-tems avec une vive passion. Il paroissoit fier du mérite de son Épouse. Mais après l’avoir montrée de toutes parts, & lorsqu’elle se trouva dans les circonstances où l’humeur d’une femme commence à devenir plus sérieuse, il retomba dans ses anciennes habitudes. Bientôt, lui laissant toute la conduite de ses affaires, pour laquelle il ne cessoit point de louer ses talens, il ne passoit avec elle qu’une très-petite partie de l’Été ; & les quatre mois de l’Hiver étoient employés à Londres, où il se rendoit le Protecteur commun des Spectacles & de tous les amusemens publics. Dans les premiers tems de son mariage, il étoit fort empressé d’y mener sa femme avec lui. Elle acceptoit volontiers son invitation, pour ne pas donner à un homme qu’elle avoit reconnu