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du Chev. Grandisson.

Mais le Pere, fort embarrassé de son Fils, l’exhortoit à la patience, & le revêtit, par ses Lettres, de toute l’autorité paternelle. Ce Seigneur étoit fort éclairé dans l’Histoire Grecque & Romaine. Il desira que son Fils visitât les fameuses Places de l’ancienne Grece, dont il avoit admiré tant de fois la splendeur dans ses livres. Ce ne fut pas sans une extrême difficulté, que le Docteur obligea son Éleve à quitter Venise, où sa Courtisanne & d’autres plaisirs l’occupoient entiérement.

Athênes étoit la Ville, où le Pere vouloit qu’ils fissent quelque séjour, avant que de visiter les autres parties de la Morée. Lorimer y trouva sa Maîtresse, avec laquelle il étoit convenu de s’y rejoindre. Quelque soin qu’ils apportassent à déguiser leur commerce, il ne put être long-tems ignoré du Docteur. Le ménagement qu’il crut devoir à son Éleve, lui fit tourner son zele contre la Courtisanne. Il porta ses plaintes au Tribunal que les Chrétiens ont dans Athênes, composé de huit Vieillards, qu’ils ont la liberté de choisir dans les huit quartiers de la Ville. Mais tandis qu’il prenoit des informations, cette méchante Femme chargea M. Barlet de plusieurs accusations calomnieuses devant le Cadi, qui est le Juge Turc. Quelques présens qu’elle fit au Gouverneur, l’ayant mis en même tems dans ses intérêts, elle eut le crédit de faire arrêter le Docteur, qui fut chargé de chaînes au fond d’un ca-