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du Chev. Grandisson.

me tendrement, & le tient éloigné, contre l’inclination de l’un & de l’autre, sur-tout contre celle du Fils, depuis que son plus cher Ami est en Angleterre. C’est un effet de sa complaisance pour une seconde Femme, impérieuse, vindicative, qui, pendant son veuvage, avoit jetté les yeux sur le jeune Belcher, pour en faire son Mari, dans l’espérance de le tenter par un reste de beauté, soutenu d’un bien considérable. Son projet néanmoins n’a jamais été connu du Pere, qui lui parla d’amour dans le tems même que le Fils lui faisoit déclarer, un peu cavaliérement peut-être, qu’il ne goûtoit point ses propositions. Ce refus la rendit furieuse. Elle ne pensa qu’à la vengeance ; & n’ignorant point que toute sa fortune dépendoit de son Pere, elle parut agréer les soins de Sir Henry, dont son ressentiment lui fit accepter la main, à des conditions qui lui donnent un pouvoir presque égal sur le Pere & sur le Fils. D’ailleurs, elle prit bientôt un ascendant absolu sur l’esprit de son Mari. M. Belcher étoit parti pour ses voyages, avec une pension de six cens livres sterling. Elle n’eut point de repos, qu’elle ne l’eût fait réduire à deux cens ; & ce reste étoit si mal payé, que le jeune homme seroit tombé dans les plus grands embarras, s’il n’avoit trouvé des secours toujours prêts, dans la fidelle amitié du Chevalier Grandisson. Cependant on assure que sa Belle-Mere n’est pas sans quelques bonnes qualités ; & que