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Histoire

Mais comme je ne serai pas fâché de vivre un peu plus long-tems pour moi-même, je vous supplie de renoncer à vos vues, & de me laisser la conduite de mes filles. Mon dessein est de les mener à Londres l’hiver prochain. Elles ouvriront les yeux autour d’elles. Elles verront si quelqu’un leur plaît, si elles plaisent à quelqu’un ; & du moins ne seront-elles pas exposées à se repentir d’avoir pris le premier homme qui s’est offert.

Sir Thomas rompit ici cet entretien, sans faire attention à la douleur de Mylord L… qui regrettoit justement d’avoir à combattre un homme d’esprit, plutôt qu’un homme de raison.

Il entra dans son cabinet, où il fit appeler aussi-tôt ses deux filles : il les railla beaucoup, sans dureté néanmoins, sur ce qu’il appelloit malignement leurs découvertes, & sur la connoissance qu’elles avoient donnée de ce secret à Mylord L… sans avoir eu la force de le garder deux ou trois jours en sa présence. Miss Caroline sentit en le quittant, qu’elle avoit le cœur sérieusement touché ; autant peut-être des reproches de son Pere, que du généreux attachement de Mylord.

Le jeune Amant se hâta d’écrire à Sir Charles, pour lui faire approuver ses sentimens. Mylady L…, qui sait, comme sa Sœur, l’usage que je fais de leurs confidences, m’a permis de transcrire la réponse de son Frere.