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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/35

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du Chev. Grandisson.

Peres, qui connoissent le monde, étoient bien aises de tirer quelqu’avantage d’une connoissance qui leur avoit coûté si cher ; qu’il ne seroit pas fâché de voir allonger un peu le Roman par un homme qui prétendoit à sa fille ; quoiqu’il pût n’être pas du même goût s’il étoit question de la fille d’un autre pour son fils ; que tous les Peres pensoient de même, mais qu’ils n’avoient pas tous le cœur assez honnête pour faire le même aveu.

Je suis sûr, lui dit Mylord L…, que vous ne croiriez pas digne de votre fille, un homme qui n’auroit en vue que la satisfaction de ses propres desirs, & qui ne feroit pas difficulté d’exposer une jeune personne à des embarras qu’elle n’a pas connus dans la maison de son Pere.

À merveille, répondit Sir Thomas : nous sommes capables tous deux, Mylord, de mettre de l’éloquence & de l’esprit dans un compliment, lorsqu’il ne sera question que de politesse. Mais je jouis d’une parfaite santé ; je n’ai pas fait un divorce si absolu avec le monde, que je sois disposé à sacrifier mon bonheur pour celui de mes enfans. Comptez, Mylord, qu’il me reste encore une forte inclination pour le plaisir. Mes filles peuvent être nubiles ; il paroît que vous vous en êtes apperçu, & que vous avez communiqué cette persuasion à l’une des deux : d’où je conclus que l’autre ne se croira point fort en arriere, pour avoir trois ans de moins ; c’est l’obligation que j’ai à votre amour.