Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
153
du Chev. Grandisson.

s’il ne satisfaisoit pas les sentimens de son cœur par quelque retour éclatant, auquel j’attachasse moi-même de l’honneur & du plaisir.

Lorsqu’il fut en état de se faire transporter à Boulogne, toute la famille chercha des prétextes pour m’engager à le suivre, & pour me retenir dans cette Ville. Le Général me fit promettre qu’aussi-tôt que son Frere pourroit consentir à se priver de moi, je ferois avec lui le voyage de Naples. L’Évêque, qui passe à Boulogne tout le tems qu’il peut dérober à ses fonctions, & qui est homme de Lettres, me pria de lui donner les premieres leçons de la Langue Angloise. La réputation de notre Milton commençoit à se répandre en Italie. Milton devint notre principal auteur. Nos lectures se faisoient ordinairement dans la chambre du Malade, pour contribuer à son amusement. Il voulut être aussi mon Écolier. Le Pere & la Mere étoient souvent avec nous, & Clémentine prenoit plaisir à les accompagner. Elle me nomma aussi son Précepteur ; & quoiqu’elle n’assistât pas à mes lectures aussi souvent que ses Freres, elle fit beaucoup plus de progrès qu’eux.

(En doutez-vous, Lucie !)

Si j’étois en Italie contre mon inclination & mes desirs, je ne regrettois pas l’emploi de mon tems, dans une si douce Compagnie. J’étois honoré particulièrement de la confiance de la Marquise, qui m’ouvroit son