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Histoire

Camille ; votre Camille, Mademoiselle.

Pauvre Camille ! Je l’ai traitée durement : mais elle ne se lassoit point de me tourmenter. Souvenez-vous, Monsieur, qu’ils ne doivent pas savoir où je suis. Votre maison, Madame, (à Mylady L…) sera mon azile. (Et me voyant affectée) Cœur tendre & compatissant, quel droit ai-je de troubler ainsi votre repos ? Hé bien, Monsieur, (en s’essuyant les yeux, avec des regards trop empressés, pour l’état de son ancien mal) n’attendez-vous personne de plus ?

Vos deux Cousins arrivent aussi ; mais le Général n’est pas du voyage.

J’en remercie le Ciel ! J’aime ce Frere ; mais il est d’un caractere si dur ! Sa Femme seule est capable de l’adoucir.

Enfin Sir Charles est parvenu à lui faire envisager plus tranquillement l’arrivée de sa Famille, & l’a soutenue dans cette situation pendant le dîner, avec une adresse que je n’ai pas cessé d’admirer. Elle a confessé une fois qu’elle verroit son Pere & sa Mere avec des transports de joie, s’ils laissoient paroître sur leur visage un peu de disposition à lui pardonner.

Sir Charles a voulu que nous ne fussions servis à table, que par le Valet de chambre qu’il avoit en Italie. Elle l’a remercié de cette attention ; mais elle a souhaité qu’il fût permis à Laura de se tenir derriere sa chaise… Il lui échappoit par intervalle une larme involontaire. Quelle scene pour elle en effet ! Ses réflexions n’étoient point difficiles