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du Chev. Grandisson.

à pénétrer. Elle souffroit, m’a-t-elle dit plusieurs fois, de la peine qu’elle étoit venue me causer ; & souvent elle s’est efforcée de supprimer un soupir. Une fois, après une rêverie de quelques minutes : Eh ! suis-je ici ? s’est-elle écriée ; en Angleterre, à la table du Chevalier Grandisson ! N’est-ce pas un songe ?

Après le dîner, étant passée avec Mylady L… & moi dans une autre Salle : que j’admire votre générosité ! m’a-t-elle dit. Je tremblois avant que de vous avoir vue ; mais au premier regard, j’ai connu, & j’ai embrassé une Sœur. Me passez-vous mon estime pour votre cher Grandisson ?

Dites votre tendresse, ma chere Clémentine, & je vous en fais mes remercimens. Un honnête homme n’a-t-il pas droit à l’affection de tous les bons cœurs ?

Sir Charles est entré ; & s’étant assis avec nous, il nous a demandé, après quelques momens d’entretien, la permission de s’absenter une heure, pour l’aller passer avec ses Amis chez Mylord G… Notre conversation n’a pas langui dans cet intervalle ; elle a tourné sur divers sujets. Les usages des Dames Italiennes, & l’ignorance surprenante où la plupart des Femmes du Pays sont élevées, nous ont occupées long-tems. Une Femme en Italie, qui savoit plus que sa langue, passoit pour un prodige, jusqu’à ces derniers temps, où les usages de France semblent avoir prévalu. Si l’on en cherche la