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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/30

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Histoire

Ô Chevalier ! je suis persécutée. Et par qui ? Par mes plus chers & mes plus proches Parens. Je l’avois prévu. Pourquoi, pourquoi me refusiez-vous votre secours, lorsque je vous importunois pour l’obtenir ? Pourquoi n’êtes-vous pas demeuré ici jusqu’à ma profession ? Je serois heureuse ! Avec le tems du moins je le serois devenue. Aujourd’hui je me vois assiégée de supplications par ceux, à la vérité, qui pourroient commander : mais qui craignent d’user de leur droit. C’est ce que j’ose penser, car si les Parens doivent être consultés pour un changement de condition, il me semble qu’ils ne peuvent forcer une Fille de se marier, lorsque son goût est pour le célibat : à plus forte raison, lorsqu’elle n’en a que pour le Cloître. Ce motif est puissant pour les Catholiques. Mais vous êtes Protestant : vous ne favorisez point le don qu’on fait de soi-même à Dieu. Vous n’avez pas voulu plaider pour moi. Au contraire, vous avez secondé leurs objections. Ah, Chevalier ! comment avez-vous pu vous y résoudre, si vous ne cessez pas de m’aimer ? Ne saviez-vous pas qu’il n’y avoit aucune voie pour me dérober aux importunités de ceux qui ont des droits sur mon obéissance ? Ils les font valoir : & comment ? Mon Pere me supplie les larmes aux yeux. Ma Mere me rappelle tendrement ce qu’elle a souffert pour moi dans ma maladie, & déclare que le bonheur de sa vie est entre mes mains. Ô Chevalier ! quels argumens