Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
du Chev. Grandisson.

a toujours eu ma compassion, & même avant que la Lettre de Sir Charles au Seigneur Jeronimo m’ait appris qu’elle ne me haïssoit pas. Croyez-vous, ma chere, que l’obstacle aux prétentions de Mylady Anne S… soit venu de moi ? Et quand je ne serois pas au monde, Émilie auroit-elle quelque chose à se promettre ? Non, assurément. L’Office de Tuteur, que votre Frere exerce avec tant de bonté, suffiroit seul pour lui ôter des vues de cette nature. Cependant, il est vrai que je me suis senti le cœur pénétré de pitié, en lisant le récit que vous me faites de la tendre affection d’Émilie. Soit qu’elle soit venue de son respect pour sa Mere, ou de son amour, ou d’un mêlange de ces deux sentimens, cette charmante simplicité m’a touchée aussi vivement que vous. J’ai pleuré un quart d’heure entier sur cette partie de votre Lettre, car je me trouvois seule, & j’ai regardé plus d’une fois autour de moi, en souhaitant de trouver cette chere Pupille sous mes yeux, & de pouvoir la serrer entre mes bras.

Aimez-moi toujours, autant & plus que jamais, chere Mylady ; ou, quelque situation que le Ciel me réserve, il manquera une partie essentielle à mon bonheur. J’écris à Mylady L…, pour la remercier de sa bonté à vous dicter ce qu’elle pense en ma faveur ; & je vous rends graces aussi, ma chere, de lui avoir prêté votre main. Il seroit