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gueux des champs


Là-bas, là-bas, dans ce lointain
Qui recule chaque matin
Et qui le soir n’est pas atteint.

Il semble sans halte ni trêve
Poursuivre un impossible rêve,
Toujours, toujours, tant qu’il en crève.

Alors, sur le bord du chemin,
Meurt, sans qu’on lui presse la main,
Cet affamé de lendemain.

Étendu sur le dos dans l’herbe,
Il regarde le ciel superbe
Avec ses étoiles en gerbe.

Ah ! là haut, c’est peut-être là
Que son espérance exila
Le but qui toujours recula !

Ah ! là-haut, c’est peut-être l’arche
Vers laquelle ce patriarche
Guidait son éternelle marche !

Quand le dimanche il défilait
Sous un portail son chapelet,
C’est là-haut que son cœur allait !