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Page:Richepin - La Chanson des gueux, 1881.djvu/310

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la fin des gueux


Las ! las ! mes pauvres fleurs fanées !
Comme un chat maigre le temps court,
Et ce qui dura des années
Comme un jour d’hiver paraît court.

Et pourtant que de bonnes choses
Ont tenu dans ce jour d’hiver !
Ô gais printemps, mois pleins de roses,
Ciel bleu, terre en fête, bois vert !

Que j’en ai goûté de délices !
Mais tout a passé sur mon cœur
Ainsi que sur des pierres lisses
File une source au flot moqueur.

J’ai vu de bons vins dans ma coupe
Et dans mon plat de bons morceaux,
Et j’ai trempé plus d’une soupe
Avec la charité des sots.

Que m’en reste-t-il, à cette heure ?
En suis-je plus gras d’un seul grain ?
Pas même un parfum ne demeure
Des branches de mon romarin.

Au château comme à la guinguette
On laissait asseoir mes haillons,
Et dans les plis de ma braguette
J’ai pris de jolis papillons.