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la fin des gueux


Sans drap de toile ou de percale,
Pour tout linceul tes pauvres os
N’auront que ta chemise sale
S’il t’en reste une sur le dos.

Pourris dans la fosse commune,
Ô fou, ton dernier cabanon !
Personne, pas un et pas une,
Ne se souviendra de ton nom.

Voilà ma vie, ô camarade !
Elle ne vaut pas un radis.
Ça commence par une aubade,
Ça finit en De Profundis.

La morale de cette histoire,
C’est que mon feu meurt. On t’attend,
La bise est aigre, la nuit noire ;
Donne-moi deux sous, et va-t’en.

J’ai mal fait. Tu feras de même.
J’ai bien tort de te conseiller.
À l’âge où l’on chante, où l’on aime,
Mange ton pain blanc le premier.

Vouloir mettre une martingale
Aux jeunes, pour qui tout est neuf,
Autant ferrer une cigale,
Plumer un chat, ou tondre un œuf.