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la mer

Et là, sur un quasi trille qui pirouette,
Plane en battant de l’aile ainsi qu’une alouette.

Nous étions deux, nous étions trois,
Nous étions deux, nous étions trois.

Ma foi, oui, deux ou trois ! Ou bien quatre, peut-être.
Le compte est, au départ, fait par le quartier-maître ;
Mais le compte au retour, ah ! qui donc le connaît ?
Est-ce qu’on sait jamais, sur mer, combien l’on est ?
On était trois. On n’est plus que deux. Cherchez l’autre !
Aujourd’hui c’est son tour, et demain c’est le vôtre.
En a-t-on vu partir dans le grand bénitier !
Mais qu’importe ! Hardi, les gas ! c’est le métier.
Houp ! quand même, et gaîment, en marins que nous sommes !
Si l’on pensait à ça, la mer serait sans hommes.

Nous étions deux, nous étions trois,
Nous étions deux, nous étions trois,
Nous étions trois mat’lo-ots de Groix,
Mon tradéri tra trou lon la
Mon tradéri tra, lanlai-ai-aire ?

Et le premier couplet va joyeux s’achevant
Sur un coup de gosier qui gueule au nez du vent
Et dont le dernier cri s’envole en rires vagues
Comme un défi moqueur à la barbe des vagues.
Et pourquoi serait-on si triste, donc, les gas ?
On a fait bonne pêche. On rentre sans dégâts.
La femme et les petits auront pitance large.
On arrive. On débarque. On va vendre la charge.