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un dizain de sonnets


VIII



Et les marins, leur joie et leur mélancolie !
Michelet a-t-il donc tout su, tout remarqué ?
Et le vieux en retraite, et le mousse embarqué,
Et les partances loin de la douce jolie,

Et les nuits de bordée à terre et de folie,
Et les sombrages quand la carène a craqué,
Et les femmes en deuil attendant sur le quai,
Et les morts dont s’éteint la mémoire abolie !

Il entendit et vit ce que j’entends et vois,
Aspects de ta figure et notes de ta voix,
Sans doute, ô mer. Pourtant, a-t-il tout dit ? Non certes.

Dirai-je tout ? Non plus. Mais plus que lui ? Qui sait ?
Car j’ai la chance, pour toucher ces orgues vertes,
D’avoir un pédalier qu’il n’avait pas. — Et c’est ?