Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
278
la mer


Je l’imagine seul, las de tout, plein d’ennui.
Cherchant un frère en vain par tout ce morne espace,
Ainsi qu’un Juif-Errant qui passe et qui repasse
Dans un monde étranger où rien n’est fait pour lui.

Il regarde partout avec mélancolie,
Et n’a personne à qui partager son tourment,
Et mourra tristement et solitairement.
Lamentable orphelin d’une époque abolie,

Image du chanteur dont le vaste cerveau
Plein de rêves trop grands pour son siècle éphémère
Semble y perpétuer une antique chimère
Désormais monstrueuse en cet âge nouveau.