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les grandes chansons


Il en est de resplendissantes
Ainsi que des fruits et des fleurs
Cueillis en été dans les sentes
Où l’aube égrène encor ses pleurs.
Il en est où de l’or éclate.
Où saigne et flambe l’écarlate.
Il en est aux tendres couleurs ;
Il en est aux sinistres teintes.
Il en est qui sont comme atteintes
D’une langueur étrange, éteintes
En de diaphanes pâleurs.

Voici des arbres minuscules
Aux branchages s’entrecoupant
Voici des bras en tentacules
À côté d’un bouquet pimpant.
Ici, délicate membrane
Brodée à jour en filigrane.
Là-bas, crinière d’un arpent.
Ensemble on voit se tordre, pendre.
De la moire, une scolopendre,
Des cheveux de soie, et s’épandre
L’orbe délové d’un serpent.

Et tout cela n’est rien encore,
Presque rien, comme qui dirait
Les broussailles dont se décore
La lisière de la forêt.
C’est ce que découvre la vague,
Ce qu’à travers son cristal vague