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Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/299

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les grandes chansons


Ô vieilles algues nos aînées,
Qui du fond de vos antres creux
Agitez vos mains enchaînées
Et tordez vos bras douloureux,
Algues à qui je dois mon être,
Les hommes sauront reconnaître
Ce que vous avez fait pour eux.
Ô nos aïeules authentiques,
Je dirai vos gloires antiques,
Entonnant pour vous les cantiques
De mes vers les plus vigoureux.

Je dirai vos splendeurs énormes,
L’heure où les cieux lourds et troublés
N’avaient pas encor vu les formes
Des arbres, des prés verts, des blés.
Ni même les barbes légères
Des mystérieuses fougères,
Tandis que déjà rassemblés
Vos tourbillons de bêtes-plantes
Jetaient leurs semences, leurs lentes,
En fécondités pullulantes
Dont les flots étaient accablés.

Je dirai vos splendeurs flétries,
L’époque où parmi vos rameaux
En effroyables théories
Passaient d’étranges animaux,
Plésiosaure, ichthyosaure,
Ptérodactyle, d’où s’essore