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les grandes chansons


Mais le brûlant séraphin
Dut enfin
Éteindre les étincelles
De ses rouges étendards
Sous les dards
De l’archange aux froides ailes ;

Et l’archange, se couchant
Sur ce champ
De victoire et de bataille,
De son corps fluide emplit
Ce grand lit,
Ce grand lit fait à sa taille.

C’est la mer, la mer sans bord.
Qui d’abord
Recouvrit toute la terre,
L’onde aux flots universels
Où les sels
S’accouplaient dans le mystère.

C’est au fond de ce creuset
Que cuisait
En bouillonnements funèbres
L’être inconscient encor
De l’essor
Sous un chaos de ténèbres.