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LE JUIF-ERRANT
Le vrai nom dont on me nomme,
Ce n’est pas le Juif-Errant.
O Dieu, je m’appelle l’Homme
Et je vais. Le monde est grand.
Je suis le marcheur qui passe,
Et dont la course rapace
Use le temps et l’espace
Toujours ouverts sous ses pas.
Je suis le roi de la terre,
L’innombrable prolétaire
Qui va sans jamais se taire
En criant que tu n’es pas.
Oui, le Dieu meurt. Ce prodige
Doit étonner tes élus.
Mais quoi ! Je marche, te dis-je ;
Et toi, tu ne marches plus.
Et que faut-il pour qu’on ose
Nier ton apothéose ?
Deux mille ans. Ce peu de chose
Suffit pour en voir le bout.
Pauvres Dieux ! Quelle hécatombe !
Vous allez tous à la tombe ;
Voici le dernier qui tombe ;
Et l’Homme est toujours debout.