Il est toujours debout, l’Homme !
Il marche. Est-ce que tu crois
Qu’il peut s’arrêter à Rome,
Les bras cloués sur ta croix ?
Point de halte en sa carrière !
Il franchit toute barrière ;
Il marche, et laisse en arrière
Tout son passé sans remords.
Il marche, il lutte, il renverse,
Lâchant d’une main perverse
Dans les gouffres qu’il traverse
Les vieux mots et les Dieux morts.
Il marche. Son pas l’emporte.
Il ne sait pas rester coi.
Vers quoi marche-t-il ? Qu’importe !
Il marche et cherche vers quoi.
Il marche sans perdre haleine
En chantant d’une voix pleine.
Là-bas, au bout de la plaine.
On dit que le jour a lui.
Où donc, là-bas ? Il en doute.
Mais quand même il suit sa route.
Il marche sans y voir goutte
Et ne croit à rien qu’à lui.
Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/134
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
LES BLASPHÈMES