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Page:Richepin - Les Blasphèmes, 1890.djvu/225

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la chanson du sang

Ta crinière que je flatte
Dans la mêlée écarlate
Déroule un noir pavillon.

Quand aux carrefours des villes
Nous broyons les foules viles
Des chiens de Chrétiens tremblants,
Tes pieds plus vifs que des ailes
Arrachent des étincelles
De feu rouge aux pavés blancs.

La mer aux flots de sinople
Qui garde Constantinople,
Demain nous la franchirons.
J’irai dans les basiliques
Déclouer l’or des reliques
Pour ferrer tes sabots ronds.

Les Grecques, mes prisonnières.
Seront tes palefrenières,
Et leurs mains aux doigts nacrés,
Pour te rafraîchir la gorge,
Mêleront le miel et l’orge
Au fond des vases sacrés.