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les blasphèmes

Quel que soit mon désir, nul ne me dira non.
Je fais ce que je veux. Demain, si je l’ordonne,
Je peux faire de ma maîtresse une madone.
Donc, benedicat vos Omnipotens Deus !
Pater, et Filius, et Spiritus Sanctus !
Amen ! … Prosternez-vous, ô troupeau de fidèles !
Mes gestes envolés font à leurs grands coups d’ailes
Passer sur vos fronts las chargés de péchés noirs
Le vent rafraîchissant des célestes espoirs.
Allez, pauvres croyants, humbles que je méprise,
Laissez vos pauvres cœurs s’enfler à cette brise
Pour voguer vers un ciel aux décevants appas
Où nul n’abordera puisqu’il n’existe pas.
Moi, je vis désormais mon rêve grandiose.
Je me pavane, athée, en pleine apothéose,
Et seul au monde j’ai cet orgueil inouï
De représenter Dieu pour tous sans croire en lui.

LE TURC


Hop ! mon cheval, hop ! galope !
Mon sabre flous enveloppe
D’éclairs bleus en tourbillon.