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Page:Richepin - Les Morts bizarres, 1876.djvu/252

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LES MORTS BIZARRES

Et prenant l’officier à bras-le-corps, lui tenant les mains derrière le dos, il le porta auprès de l’enfant.

L’enfant eut un sourire de joie, et la vie lui revint.

— Lâche ! lâche ! murmurait-il.

On l’avait assis contre un arbre, et le sapeur tenait devant lui l’officier à genoux.

— Tue-le, mon petit ; tue-le, va ! tu sais bien que je te l’ai promis.

L’enfant tourmentait d’une main convulsive son chassepot gisant à terre entre ses jambes. Tout d’un coup, par un brusque mouvement, réunissant tout ce qui lui restait de vigueur pour ce dernier effort, il appuya la crosse de l’arme sur sa poitrine blessée, dirigea le canon vers la figure de l’Allemand, et lâcha le coup en fermant les yeux.

L’officier avait la tête fracassée, et l’enfant était mort.

— Pauvre petit ! dit le sapeur en mangeant une grosse larme, il a tout de même eu de belles étrennes.