Mieux mes vers ont su vous bénir,
Pire est votre deuil que je porte.
Vous ne vivez qu’au souvenir
Dont nos regrets ouvrent la porte.
Et ma joie en vous recréant
Ne me rend que plus triste ensuite
À constater le sûr néant
De votre épouvantable fuite.
Ah ! toujours l’incessant départ !
Toujours rouler dans cette houle !
Jamais ne rester nulle part !
Couler à l’éternel tout-coule !
Pas même aux plus humbles îlots
Ne dire : « C’est la fin ! J’arrive ! »
Sans fin sur l’infini des flots
Réembarquer à la dérive !
Et pourtant, au gouffre du temps,
Pauvre homme à qui rien ne demeure,
C’est de ces paradis flottants
Qu’il faut t’en faire un d’heure en heure.