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134 MÉTAPSYCHIQUE SUBJECTIVE

quand on lui remet les cheveux d'un malade, dit : « J'étouffe, je me sens toute saisie, cela me donne des crampes, des spasmes, et une boule à la gorge. » Eugénie, qui est une professionnelle, toute jeune d'ail- leurs, et croyant très naïvement en son art, parle de même. De même aussi, Héléna, qui n'est pas une professionnelle, mais qui jadis, à des amis, a donné des consultations l .

Mais tout est encore trop incertain pour qu'on puisse affirmer quoi que ce soit sur la lucidité de cette cryptesthésie organique spéciale. Peut-être, si l'on voulait, sans préjugés, l'étudier méthodi- quement, arriverait-on à des résultats curieux. Dans les 53 expé- riences (diagnostics de maladies par des somnambules), que j'ai menées avec assez de soin pour éviter toute suggestion de ma part, et toute perspicacité normale de la part des somnambules, je n'ai eu que des résultats bien médiocres. 11 y a eu des réponses assez précises, mais insuffisantes à éliminer l'hypothèse des coïncidences fortuites. Pour un individu atteint d'une forte diarrhée, Eugénie a dit : « Inflammation de l'intestin ». Pour un enfant atteint de rou- geole, Héléna a dit : « C'est la rougeole, j'ai misa figure toute rouge ». La meilleure expérience peut-être est celle d'HÉLÉNA (Exp. XIII) Héléna dit : « Angoisse, étouffement, douleur là (montrant le creux épigastrique). C'est comme une poche qu'il faudrait vider, lly a de la fièvre. Cette poche-là, sous le cœur, me donne de l'angoisse. Il faut vider cela. » Or il s'agissait d'un malade tuberculeux, ayant une caverne tuberculeuse, remplie de pus, à la base du poumon gauche, avec suffocation, dyspnée, œsophagisme. Dans tous ces cas, la consul- tation était donnée sans que le malade fût présent : il s'agissait de psy chômé trie, — ce que j'appelle cryptesthésie pragmatique — c'est- à-dire que je remettais des cheveux, ou un objet, ou une lettre, venant du malade en question.

Ce ne sont là que des résultats bien imparfaits. Pourtant, dans les nombreux traités du magnétisme animal de 1825 à 1855 on trouve- rait sans peiue assez de documents pour encourager les métapsy- chistes — parmi lesquels il y a beaucoup de médecins — à étudier de nouveau la question, à la reprendre ab ovo, sans craindre les railleries. L'histoire du somnambulisme et du spiritisme nous

1. P. S. P. R., juin 1888, 119.

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