Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/147

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montre douloureusement combien la science officielle a été mal inspirée en rejetant a priori, sans examen, des faits que plus tard elle a été forcée, en faisant amende très honorable, de reconnaître.


Il est un cas particulier de cryptesthésie organique qui mérite quelque attention ; il a été signalé et bien indiqué par les magnétiseurs de la première moitié du xixe siècle : c’est ce qu’on appelle l’autoscopie.

Souvent, en effet, les somnambules sont en état de voir leurs organes, et ils en donnent de curieuses descriptions.

Mais c’est à peine si l’autoscopie relève de la métapsychique ; c’est presque de la psycho-physiologie.

A l’état normal, nos organes viscéraux n’éveillent dans la conscience aucune sensation précise. Le cœur, les poumons, le foie, les intestins, le cerveau fonctionnent sans qu’il y ait perception de l’organe et connaissance de son fonctionnement. Cependant, ainsi que toutes les expériences de physiologie le prouvent, nos viscères possèdent des nerfs de sensibilité qui font parvenir aux centres nerveux quelques notions sur l’état même de ces organes.

Ces notions sont indistinctes. Elles arrivent certainement à la moelle, au bulbe et au cerveau, mais elles ne touchent que rarement la conscience. C’est seulement lorsqu’ils sont malades que nous sentons notre estomac, nos intestins, notre foie. Ce n’est pas par défaut de conduction nerveuse sensible que nous les ignorons, c’est parce que leurs nerfs de sensibilité n’émeuvent pas la conscience. Aussi pouvons-nous admettre comme vraisemblable que, dans certaines conditions psycho-physiologiques spéciales comme par exemple l’état d’hypnose, la conscience modifiée (amplifiée) puisse être ébranlée par ces sensations viscérales.

Encore que l’autoscopie ait été couramment observée dès le début du magnétisme, c’est probablement Féré qui en prononça le mot le premier[1] ( ?) Mais il appliquait le mot d’autoscopie à la vision de son double par le personnage probablement halluciné. Or cette sorte d’hallucination (autoscopie externe), si intéressante qu’elle soit

  1. Note sur les hallucinations autoscopiques ou spéculaires, et sur les hallucinations altruistes (Bull. de la Soc. de Biol. de Paris, 1891, 451.)