Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/18

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blables, qui renversent tout ce que la science a jusqu’ici reconnu comme vrai, mais vous êtes incapables d’en donner la preuve, car jusqu’ici cette preuve a échappé à toute recherche méthodique. Ce n’est pas à nous de prouver que les faits affirmés par vous sont faux ; c’est à vous de nous prouver qu’ils sont vrais.

« Et puis, même si nous les voyions, ces faits étranges, nous nous croirions dupés ou illusionnés, car vous évoluez parmi des imposteurs, et vos affirmations sont trop absurdes pour être vraies. »

Tel est à peu près le langage des savants honorables qui dénient à la métapsychique toute réalité. S’ils avaient raison, ce livre serait terriblement inutile, voire ridicule. Il pourrait s’intituler : Traité d’une erreur.

Mais pour notre part, comme nous essaierons d’en donner la preuve abondante, nous croyons que ces faits, qu’on appelle occultes parce qu’ils sont incompris, existent.

Nous avons lu et relu, étudié et analysé les ouvrages qui ont été écrits sur ce sujet, et nous déclarons énormément invraisemblable, et même impossible, que des hommes illustres et probes, comme sir William Crookes, sir Oliver Lodge, Reichenbach, Russell Wallace, Lombrose, William James, Schiaparelli, Fr. Myers, Zöllner, A. de Rochas, Ochorowicz, Morselli, sir William Barrett, Ed. Gurney, C. Flammarion, et tant d’autres, se sont laissé tous, à cent reprises difrentes, malgré leur science, malgré leur vigilante attention, duper fépar des fraudeurs, et qu’ils furent victimes d’une étonnante crédulité. Ils n’ont pas pu être tous et toujours assez aveugles pour ne pas apercevoir des fraudes qui ont dû être grossières ; assez imprudents pour conclure quand aucune conclusion n’était légitime ; assez malhabiles pour ne jamais, ni les uns, ni les autres, faire une seule expérience irréprochable. A priori, leurs expériences méritent d’être méditées sérieusement, et non rejetées avec mépris[1].

  1. Voici comment ose s’exprimer un illustre savant anglais, lord Kelwin (cité par Fr. Myers, A. S. P., 1904, XIV, 365).

    « Je tiens à repousser toute apparence d’une tendance à accepter cette misérable superstition du magnétisme animal, des tables tournantes, du spiritisme, du mesmérisme, de la clairvoyance, des coups frappés. Il n’y a pas un septième sens d’espèce mystique. La clairvoyance et le reste sont le résultat de mauvaises observations, mêlées à un esprit d’imposture volontaire, agissant sur des âmes innocentes et confiantes. »

    Tel est le degré d’aveuglement auquel est conduit un des plus grands esprits de