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CRYPTESTHÉSIE PRAGMATIQUE 223

strychnine qui convulsé ; dans un quatrième, d'alcool qui enivre, on aura des effets physiologiques tellement nets que l'expérimenta- teur (ignorant le contenu de ces flacons) pourra dire : celui-là ren- ferme une solution de morphine ; cet autre, d'émétique ; cet autre, de strychnine; cet autre, d'alcool.

Or cette diaguose, nécessaire pour conclure à une action spéci- fique qui ne soit pas la suggestion (verbale) n'a pas été faite avec précision. Daus quelques cas, trop peu nombreux, j'ai essayé cette expérience avec une vague apparence de succès, mais je m'interdis toute conclusion. En somme, Bourru et Burot se sont contentés de noter des effets physiologiques intenses, très singuliers d'ailleurs. Mais ce n'est pas assez pour parler d'une action spécifique ; car la suggestion peut les expliquer.

M. Wasielewski l a tenté une pareille épreuve sur Mile de B... Et son expérience a réussi très bien quand il s'agissait de substances odorantes, comme la menthe et le cognac. De sorte que je suis tout à fait convaincu qu'il s'agit là simplement d'une hyperesthésie de l'odorat. Quelque soin qu'on prenne pour boucher le flacon (au liège) il n'est pas possible qu'il ne reste pas quelque odeur appré- ciable à des sens hyperesthésiés. Il y a eu pour quatre substances non odorantes — quinine, saccharine, acide citrique, eau distillée — échec pour la quinine et l'eau distillée, succès pour l'acide citrique et la saccharine.

Miss Edith HowTHORNEa donné de bons cas de cryptesthésie prag- matique. M. Samuel Jones lui envoie un fossile trouvé par un mi- neur dans des couches de charbon. Or le père de ce mineur avait été par unaccident tué dans la mine, il y a vingt ans. Miss Haw- thorne dit qu'elle a une vision horrible, un homme gisant sur le sol, inanimé, livide, avec du sang à la bouche et au nez. D'autres iudications intéressantes, mais vagues, sont données sur les nom- breux objets envoyés par M. Jones à Miss Hawthorne.

M. Pagenstecher - a entrepris quelques recherches sur Mad. Z... qui lui ont semblé prouver une hyperesthésie sensorielle tellement intense qu'elle devient presque de la cryptesthésie. Mais il faut attendre, avant de se faire une opinion, que les expériences de

1. Sur un cas de lucidité spontanée, A. S. P., juillet 1914, XXIV, 193.

2. A notable Psychometric Test. Am. S. P. R., XIV, 386-418, 1920.

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