Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’investigation. Balances, photographies, méthodes graphiques, les métapsychistes doivent employer tous les procédés de mensuration adoptés par les physiologistes. Je ne vois pas de différence essentielle dans les méthodes, à cela près que le chimiste ou le physiologiste agit avec un matériel qu’il peut se facilement procurer, tandis que, pour faire une expérience métapsychique, nous avons besoin d’un médium, sujet rare, fragile, éminemment fantaisiste, qu’il faut savoir manier avec une finesse diplomatique toujours éveillée. Mais, une fois que l’expérience a commencé, celle-ci doit se poursuivre avec autant de rigueur qu’une expérience sur la pression artérielle ou sur la chaleur de combustion de l’acétylène.

Dans une expérience, quelle qu’elle soit, on n’est jamais absolument le maître de toutes les conditions. Voilà un axiome de méthode scientifique encore plus vrai pour la métapsychique que pour les autres sciences. Peut-être l’obscurité est-elle nécessaire, et le silence (ou le bruit) ? Peut-être faut-il certaines conditions psychologiques encore mal déterminées ? Après tout, il en est ainsi toutes les fois qu’une science se constitue. Dans la phase embryonnaire on ignore les conditions nécessaires au développement des faits qu’il s’agit de prouver. Et alors, on commet à chaque instant, par ignorance, de grossières erreurs, et on échoue, tandis que naïvement on croyait avoir amassé toutes les conditions de succès.

La métapsychique, en tant que science d’observation et de tradition, est riche en documents de toutes sortes. Ces documents sont de valeur prodigieusement inégale, et il faut savoir faire un choix, séparer le bon grain de l’ivraie, exercer une critique sévère. Mais condamner la méthode de tradition serait absurde. Toute science historique n’est-elle pas fille de la tradition ? Et la médecine n’a-telle pas été, jusqu’à Claude Bernard et Pasteur, une science d’observation ? Ne l’est-elle pas encore, pour une bonne part, aujourd’hui ? Une observation bien prise, disait un grand physiologiste, vaut une bonne expérience. C’est peut-être exagérer un peu ; car la certitude que donne une observation est toujours de moindre qualité que la certitude donnée par une bonne expérience. Toutefois les sciences d’observation sont parfois profondes et solides, et ce serait folie que de vouloir les rejeter.

Mais il n’y a pas lieu d’opposer une méthode à l’autre. Quand