Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/41

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Parmi les adhésions, nulle n’exerça d’influence plus puissante que celle du juge Edmunds, sénateur, homme considéré dans tous les États-Unis, tant pour sa probité que pour sa sagacité.

Les médiums sont le plus souvent d’une telle instabilité mentale que leurs affirmations, positives ou négatives, n’ont pas grande valeur. Que plus tard, après le prodigieux essor du spiritisme, consécutif à leurs premières expériences, les sœurs Fox aient simulé, triché, c’est possible, c’est probable, c’est presque certain. Nous avons de nombreux exemples de médiums très puissants, qui ont eu d’abord des phénomènes authentiques, mais qui, plus tard, par cupidité, ou par vanité, voyant que leur pouvoir médianimique décroissait, ont essayé de le remplacer par la fraude. Il est difficile d’admettre que le phénomène des raps, qui est certainement vrai, ait été inventé de toutes pièces par les sœurs Fox, sans avoir aucune réalité. Avant 1847, on ne savait rien des coups frappés et des raps[1]. Arrivent les sœurs Fox, deux petites filles, qui en donnent des exemples mémorables et éclatants. Alors, de toutes parts, ce même phénomène est authentiquement constaté, et après que les exemples se sont multipliés, les sœurs Fox prétendent qu’elles ont menti ! Il est probable que c’est cette dénégation qui est un mensonge. Elles ont essayé, voyant la faveur et l’argent du public s’éloigner d’elles, d’appeler de nouveau, par un démenti, l’attention du public sur leurs chétives personnes.

Or, en 1847, Marguerite Fox avait quinze ans ; Kate, douze ans. Peut-on admettre que ces deux enfants aient machiné une fraude

    devenue Mad. Joncken, puis Mad. Sparr. adonnée d’ailleurs à l’alcool, fît la même déposition en novembre 1888 à Rochester. Mais, en 1892, Marguerite et Catherine, revenant sur leurs soi-disant confessions, les rétractèrent. Ces faits lamentables ne prouvent rien, sinon la fragilité mentale des médiums.

    Au demeurant, quand on a affirmé un fait, il ne suffit pas de dire plus tard qu’on a menti, il faut encore indiquer comment on a pu mentir et tromper.

    Un sieur Blackman a raconté qu’il avait, par d’habiles subterfuges, de concert avec G.-A. Smith, trompé longuement Gurney, Myers, Podmore, H. Sidgwick et Barrett (Confessions of a telepathist, J. S. P. R., octobre 1911, 116). Mais dans cette soi-disant révélation il a certainement menti. Je crois bien qu’aussi Marthe Béraud, une fois, à un certain avocat d’Alger, jadis, a raconté qu’elle avait simulé à la villa Carmen ; mais elle l’a nié plus tard, et l’affirmation de cet individu n’est guère valable. Il y aurait un petit chapitre assez curieux à écrire sur les pseudo-confessions des médiums.

  1. Cependant, d’après J. Maxwell (Les sciences psychiques, Revue de Paris, 1er mars 1921) l’évêque Adrien de Montalembert aurait en 1526 constaté le phénomène des coups chez une religieuse de Lyon.