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498 MÉTAPSYCHIQUE SUBJECTIVE

Au mois de novembre 1913, je reçois la visite du D r Tardieu, ancien interne des hôpitaux, médecin consultant au Mont-Dore, qui avait été un des élèves de mon père, et qui me dit : « J'ai des choses très importantes à vous faire connaître. Le moment me paraît veuu, d'après certains indices et des révélations à moi per- sonnelles, de vous eo parler. Je crois qu'il est nécessaire de vous les dire dès à présent. » Et alors il m'exposa ce qui suit (j'abrégerai son récit, qui fut détaillé).

« En 1868, je sortais de l'Internat. J'étais jeune docteur et j'avais un excellent ami nommé Sonrel. Sonrel, très brillant mathémati- cien et physicien, sorti de l'École normale, était élève astronome à l'Observatoire de Paris. Un jour, vers S heures du soir, en juillet, alors que nous déambulions tous les deux en causant dans les jar- dins du Luxembourg, tout d'un coup Sonrel s'arrêta, comme en extase. Il parla, parla, sans rien entendre de ce que je lui disais, sans voir ce qui se passait autour de lui : « Que c'est étrange ! disait- « il : je te vois en habit militaire! Mais oui, tu as un képi, et dans « ce képi tu comptes de V argent, et tu es en chemin de fer! Où vas-tu « donc, à Hirson, à Sedan ? A Sedan?... ma pauvre patrie, ma « patrie !... Mais me voilà, moi aussi, en costume militaire, officier « supérieur. Est-ce possible ? Et je suis frappé à mort. . . je meurs en « trois jours, mais tu es là, tu arrives à temps pour me voir avant « que je ne meure, pour veiller sur mes enfants !... Attends encore, « attends... Des années se passent. C'est une grande guerre! Que « de sang! Dieux! que de sang ! France! ma patrie, te voilà « sauvée! Te voilà sur le Rhin! France, tu es toujours la reine « du monde ! et tous les peuples (admirent. » (Je dis ces paroles de M. Tardieu de mémoire : il les a publiées en avril 1914, dans les A. S. P.. Je lui ai demandé de rectifier ce qu'il y a d'inexact, mais la version que je donne ici est conforme à ce qu'il m'a dit en novembre 1913.)

« Or, ajouta M. Tardieu, toute cette étonnante prédiction se réa- lisa. A la lin d'août 1870, je fus chargé par Nélaton de diriger une ambulance. J'eus un uniforme militaire, et, ayant fait le long des boulevards, à la tête de mon ambulance, une quête pour les blessés, en chemin de fer je comptais dans mon képi l'argent recueilli.

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