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PRÉMONITIONS 499

« A ce moment seulement, je me souvins de la prédiction de mon ami, de sorte que, lorsque mes camarades me demandèrent quelle était notre destination, je leur dis : « Je le sais, nous allons à « Hirson et à Sedan ».

« En septembre 1870, Sonrel fut nommé commandant du génie. Mais, dès les premiers jours du siège, il fut pris de variole hémor- ragique. J'arrivai juste à temps pour son dernier soupir. Il m'atten- dait, ne cessait de répéter mon nom, en disant : « Tardieu va venir, « je le vois qui vient. »

« En 1869, il s'était marié, avait eu un enfant, et sa femme en septembre 1870 était enceinte. »

M. Tardieu ajouta encore : « les prédictions personnelles que m'a faites Sonrel sont sur le point de se réaliser, et je présume que la seconde partie de sa prédiction ne se réalisera pas moins que la première. Voilà pourquoi je viens vous en avertir ».

Sur mes instances réitérées, non sans quelque peine, il se décida à écrire ce qu'il m'avait raconté de vive voix, et toutes ces prémo- nitions ont été publiées dans les A. S. P., en juin 1914.

L'étude critique de cette remarquable prédiction, devenue déjà célèbre, doit se faire en deux segments.

D'abord, pour la première partie (les événements de 1870), nous n'avons à l'appui que l'affirmation de M. Tardieu. Mais sa loyauté, sa sincérité, ne sont pas plus contestables que la mienne, ou celle de sir Oliver Lodge, ou celle de William James. Que, par suite des déformations du souvenir, certains détails soient inexactement rapportés, je l'admets volontiers. Mais les faits essentiels, la pré- diction de la guerre de 1870, la mort rapide de Sonrel, voilà certai- nement ce qui a été dit au jardin du Luxembourg en juillet 1868. Même il y a eu, en toute certitude, beaucoup plus. A diverses reprises M. Tardieu en a fait le récit toujours de la même manière. Par conséquent, il s'agit là d'une prénjonition authentique, extraordi- nairement riche en détails, et presque unique dans la science, par cette richesse de détails qui n'ont certainement pas pris naissance dans l'imagination très pondérée, très scientifique, du D r Tardieu.

La critique de la seconde partie de la prédiction, pour 1914-1918, est de toute autre nature. Il y a beaucoup moins de détails assuré- ment : ou, pour mieux dire, il n'y en a pas (la guerre, le sang, le

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