Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/730

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mènes matériels qui paraissent attachés plutôt à tels ou tels individus qu’à telles ou telles maisons.

Ainsi on aurait non seulement des maisons hantées, mais encore des personnes hantées. Même il est probable que beaucoup de hantises de maisons sont surtout des hantises de personnes.

Sont subjectifs les phénomènes de hantise dans lesquels une apparition non collective se produit — avec des caractères spécifiques bien déterminés — alors que nul mouvement d’objet n’apparaît.

Sont objectifs les phénomènes dans lesquels il y a mouvements d’objets, phénomènes mécaniques extérieurs.

Mais cette division est assez conventionnelle ; car l’objectif et le subjectif sont le plus souvent mélangés, de sorte qu’il faut, avec Bozzano, dire hantises surtout objectives, hantises surtout subjectives[1].

Dans certains cas, très rares, les phénomènes sont uniquement subjectifs, et il y a cependant cryptesthésie, récognition assez nette pour qu’on ne puisse pas y voir un phénomène pathologique d’hallucination.

Mad. O. Donnel[2] arrive à Brighton avec sa fille, et loue un appartement meublé. Elle ne couche pas dans la même chambre que sa fille. A une heure du matin, elle entend des bruits de pas à l’étage supérieur, qui deviennent tellement forts qu’il semble qu’il y ait beaucoup de monde, et cela dure toute la nuit. Le matin, Mad. O. Donnel dit à la femme de ménage : « les gens de l’étage supérieur sont sans égards ». Mais il lui fut répondu avec étonnement qu’il n’y avait personne à l’étage supérieur. Le surlendemain, après que les pas se sont fait entendre de nouveau avec force, Mad. O. Donnel voit un spectre horrible qui lui indique de la main

  1. On ne peut faire une correcte classification des hantises, précisément parce que le plus souvent les phénomènes subjectifs et objectifs se trouvent confondus. Pour ma part, n’ayant aucune expérience personnelle à citer, je suis contraint de m’en rapporter aux auteurs qui s’en sont sérieusement occupés : C. Lombroso, Ricerche sui fenomeni ipnotici e spiritici, Cap. XII, Case fantomatiche, Torino, 1909. — F. Zingaropoli, Case infestate dagli spiriti, Napoli, Soc. Partonopea, 1907. — P. S. P. R. passim et J. S. P. R. passim. On consultera surtout l’admirable étude de Bozzano, Dei fenomeni d’infestazione, Roma, Ed. Luce e Ombra, 1919, 8°, 226 pages. Je ferai, bien entendu, comme pour les prémonitions, de nombreux emprunts à cette synthèse remarquable.
  2. J. S. P. R., VIII, 326.