Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/747

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quatre, cinq personnes normales ayant à plusieurs reprises pendant quelques mois l’hallucination du même personnage.

Mais pour les phénomènes objectifs l’a difficulté est autre. Là en effet toutes les fraudes sont possibles, et l’expérience a prouvé que les fraudes étaient fréquentes, très fréquentes. Quand, dans une maison dite hantée, s’entendent des fracas divers, bruits de portes qui s’ouvrent et se ferment, roulements de meubles, bris de vaisselles, et tout le cortège ridicule de manifestations qui est de coutume dans les hantises, l’idée vient tout d’abord qu’il s’agit d’une forte plaisanterie, faite par des individus mal intentionnés, des domestiques renvoyés, des gens intéressés à faire quitter la maison à tel ou tel de ses habitants. Le plus souvent il faut incriminer, comme causes de ces infestations, de très jeunes gens, de l’un ou l’autre sexe, à demi idiots, à demi vicieux, qui, sans trop comprendre ce qu’ils font, jettent des pierres, cassent des vitres, en dissimulant leurs gestes et en laissant croire qu’ils sont restés immobiles, n’ayant d’autre motif que de tromper.

Par conséquent, pour les hantises avec déplacements d’objets, la plus grande sévérité critique doit être admise, d’autant plus que vraiment, à part quelques rares exceptions, chaque fois qu’un sérieux contrôle a été fait, les miracles se sont volatilisés.

Toutefois, malgré notre scepticisme, qui est grand, il reste quelques faits assez rares, mais trop nets pour qu’il soit impossible de nier qu’il y avait des objectivités réelles.

Je donnerai d’abord le récit un peu détaillé des événements qui se sont passés au château de T… en Normandie, près de Caen. M. de X… a pris notice, jour par jour, de ce qui se passait, et son journal a été communiqué à M. J. Morice, docteur en droit, qui l’a publié dans les Annales des sciences psychiques[1].

M. de X… hérita, en 1867, d’une maison qui passait pour hantée. En 1868, il y eut dans cette maison des bruits anormaux qui cessèrent, pour reprendre avec grande force en octobre 1875. Du 13 octobre 1875 au 30 janvier 1876, c’est-à-dire pendant plus de trois mois, les bruits anormaux, parfois extrêmement violents, n’ont pas dis-

  1. Exposé des phénomènes étranges du château de T., 1892, 212-213 ; 1893, 65-90.