Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/764

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En présence de ces phénomènes extravagants, la discussion théorique est de médiocre importance.

Or les témoignages sont trop précis pour qu’il soit possible de tout nier. Beaucoup de ces cas, même sévèrement examinés, établissent qu’il y a eu des mouvements d’objet sans contact, et surtout des bruits dont aucune explication mécanique ordinaire ne peut rendre compte. N’est-il pas absurde de supposer que, pendant des semaines et des mois, plusieurs individus, maîtres d’eux-mêmes, conscients, responsables, surveillant scrupuleusement l’habitation soi-disant hantée, out vu des choses qui n’existaient pas, ont entendu des bruits retentissants, effrayants, que nul être vivant ne produisait. S’il s’agissait d’un seul cas, et d’une seule personne, on pourrait croire à une hallucination ou à une illusion. Mais c’est là une explication enfantine. On dit hallucination, pour se débarrasser, par un mot très commode, d’un fait inhabituel qui trouble notre quiétude. Le procédé est vraiment par trop simpliste.

Hallucination collective, dit-on encore. Mais il n’y a pas d’hallucinations collectives. Les aliénistes ne connaissent pas ce phénomène.

Je n’ignore pas que les hystériques, dans un couvent, ont parfois raconté des choses extraordinaires que les unes et les autres auraient vues ; je sais aussi que les menteries des hystériques mythomanes constituent une bonne part de leur psychologie, mais il n’est pas question ici de religieuses et d’hystériques.

Peut-être cependant serait-il sage de limiter les faits de hantise à des faits de télékinésie accidentelle.

La télékinésie expérimentale a été amplement démontrée. Alors pourquoi ne pas admettre que les phénomènes qui se produisent dans les maisons hantées sont du même ordre ; et qu’ils sont des télékinésies accidentelles ? Ce n’est ni plus ni moins merveilleux.

La similitude saisissante des phénomènes constatés en Normandie, en Irlande, en Ecosse, en Géorgie, en Russie, en Italie, en Sicile, prouve qu’il y a, même pour ces faits inhabituels, des conditions précises qui se répètent. S’il s’agissait de pures fantaisies, jamais les récits ne pourraient être si concordants.

En réalité, tout se tient dans la métapsychique. Jadis, de 1885 à 1895, les membres de la S. P. R. avaient tendance à n’accepter