Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/789

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leur examen, car elles répondent mal. Ce sont des réponses à côté.

Voilà sans doute pourquoi — ce qui est désastreux pour l’hypothèse spirite — jamais rien ne nous a été révélé par les personnalités des morts, qui ne fût déjà connu du commun des hommes. Ils ne nous ont jamais fait faire un seul pas, en géométrie, en physique, en physiologie, voire eu métapsychique même. Jamais les esprits n’ont pu prouver qu’ils savent plus que le vulgaire sur quelque chose que ce soit. Nulle découverte inattendue n’a été indiquée : nulle révélation n’a été faite. La banalité des réponses est désespérante (sauf rarissimes exceptions). Pas une parcelle de la science future n’a été soupçonnée.

Il y a des pastiches, et des pastiches admirables, comme le roman de Dickens, comme les vers de Molière dictés à Victor-Hugo. Mais un pastiche n’est pas une invention. C’est de la spirituelle littérature ; ce n’est pas de la littérature spirite — si je me permets ce jeu de mots digne de l’écriture automatique. — L’intelligence humaine qui compose cette prose ou ces vers ne dépasse pas l’humanité. Ce n’est pas l’inspiration demi-divine que nous pourrions espérer des esprits.

Parfois cependant la lucidité de certains médiums est prodigieuse. Mais la lucidité, ce n’est pas la survivance. La survivance implique la continuation d’une conscience personnelle. Fred. Myers a vécu sur terre ; il a été lui, et non pas autre, avec des volontés, des habitudes, des goûts, des pensées, des souvenirs, des espérances, une intelligence qui faisaient de lui une personnalité déterminée, bien différente de toutes autres personnalités humaines. Or, quand la main de Mad. Verrall écrit : « Je suis Myers ». Quand la voix de Mad. Piper dit : « Je suis Myers », vainement on trouvera de vagues ou même de précises analogies entre le Myers P, le Myers V, et le Myers véritable ; ce ne sera pas assez pour prouver que, indépendamment de Mad. Verrall et de Mad. Piper, et de tout autre médium lucide, il y a quelque part, dans les espaces, une conscience humaine qui dit moi, et qui est identique à la conscience du tant regretté Frédéric Myers, ayant gardé les caractères intellectuels primordiaux et les souvenirs cohérents de notre admirable Frédéric Myers, tel qu’il vivait à Leckhampton House.

Toutes les indications que nous transmettent, par les médiums,