Page:Richet - Traité de métapsychique.djvu/788

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misérable, c’est invraisemblable. Puissant argument contre la doctrine spirite.

Cette pauvre personnalité spirite n’est pas du tout incohérente. Elle est médiocre, et très médiocre, bien au-dessous (sauf exception) des intelligences moyennes, mais elle demeure, pendant de longs mois, conséquente avec elle-même, enfantine, comme Féda et Nelly ; facétieuse, comme Vincenzo ; érudite et mystique, comme Myers P. ; joviale comme Phindit.

On répond que la relation des esprits avec un cerveau humain n’est probablement pas très facile, que le cerveau humain du médium n’est qu’un instrument imparfait, et que les incohérences sont dues au désaccord entre l’instrument et celui qui en joue. Mais que d’hypothèses, que d’interprétations symboliques, hérissées d’obscurités et de fantaisies, pour se soustraire à cette évidence que la personnalité psychologique du désincarné est tout à fait différente de la personnalité psychologique qu’il possédait quand il était individu terrestre.

Non seulement elle est différente de la personnalité de l’ancien vivant ; mais presque toujours elle lui est notoirement inférieure (du moins à notre point de vue anthropomorphique).

Tout s’explique très simplement si l’on admet qu’on n’a jamais affaire qu’à la pensée du médium, être humain, très humain, exclusivement humain, dont les opérations, quand elles sont inconscientes, sont rudimentaire, amorphes pour ainsi dire. Naïvement nous croyons entendre les paroles d’un désincarné, quand de fait nous assistons aux agitations de la subconscience qui se groupent autour d’une personnalité fictive.

Un autre caractère des personnalités spiritiques, c’est qu’elles s’entourent de mystère, comme si le mystère de leur présence n’était pas suffisant. Il y a des réticences, des sous-entendus, des allusions voilées qu’il faut beaucoup de sagacité pour comprendre. Elles paraissent, à certains moments, en savoir très long, et, au passage le plus intéressant, soudain elles s’arrêtent, et ensuite elles dévient. On a absolument le droit de supposer que, si elles n’en disent pas plus long, c’est qu’elles n’en savent pas plus long. Rarement à une question précise est faite une réponse précise. Si elles étaient devant un jury d’examinateurs, elles ne passeraient point