l’est tout à fait, mais les eaux du lac sont basses, cette gueule béante s’ouvre donc visiblement pour happer le pauvre Wakwafi. Au moment où le canot va l’atteindre, il disparaît englouti dans le tourbillon bleu ; le canot lui-même est saisi comme par une main puissante et lancé contre le rocher. Ceux qui le montent ont beau lutter, ils sentent que le gouffre les pompe pour ainsi dire, ils se jugent perdus, un dernier instinct de conservation les pousse à se jeter à plat ventre.
L’esquif, emporté par une force mystérieuse, file avec la rapidité d’une flèche dans d’épaisses ténèbres. Impossible d’échanger un mot, car le fracas de l’eau étouffe les voix ; impossible de relever la tête, car la voûte du rocher est peut-être assez basse pour broyer du coup le crâne qui se redresserait si peu que ce fût. Jamais course folle ne ressembla davantage à un cauchemar. Enfin le bruit devient moins étourdissant, d’où l’on peut conclure que les échos ont plus de place pour se disperser. Allan Quatremain se mettant à genoux avec précaution, lève le bras, sans rencontrer de voûte ; il recommence en s’aidant d’une pagaie : même résultat ; à droite, à gauche, il ne trouve rien que de l’eau. Alors il