Page:Rider Haggard - Découverte des mines du roi Salomon.djvu/84

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— Tu as raison, mon père Incoubou. Et puis, qu’est-ce que la vie pour que nous en fassions tant de cas ? C’est une plume qu’un souffle entraîne, une semence emportée çà et là ; parfois elle se multiplie ici-bas, et parfois elle se développe dans un monde meilleur. Une semence voyage un peu plus, une autre un peu moins. Ensuite il faut mourir ; au pis, nous ne pouvons que mourir un peu plus tôt. J’irai avec toi à travers le désert, mon père, à moins que le mal ne me fauche en chemin. »

Il s’arrêta, puis, avec un élan d’éloquence comme les Africains en ont, il s’écria :

« Qu’est-ce que la vie, ô blancs ? Dites-le moi, vous qui êtes puissants, qui comprenez le secret de la terre et des astres ! Vous qui, sur des fils légers, et sans voix, portez au loin vos paroles ! Quel est le secret de la vie ! D’où vient-elle et où va-t-elle ? Vous restez muets, ô blancs ! Vous l’ignorez ! Nous sortons de la nuit et nous rentrons dans la nuit ; nous sommes comme un oiseau que chasse la tempête, nous venons de l’inconnu ;