Page:Rider Haggard - Découverte des mines du roi Salomon.djvu/99

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Mes compagnons, plus heureux que moi, oubliaient leurs souffrances dans le sommeil.

Dès qu’il fit un peu clair, je tirai de ma poche un petit volume des Légendes d’Ingolsby, pour essayer de changer le cours de mes idées. Inutile, car voici le passage qui me tomba sous les yeux :

Un gentil garçonnet prit une coupe d’or
Avec art travaillée et pleine d’eau si pure,
Qu’il n’en est point de telle en toute la nature.

Cette eau pure ! Je l’entendais, je la voyais, je passais ma langue endolorie sur mes lèvres tuméfiées… Cette eau pure ! Ah ! si le cardinal avait été là, missel, cierge, clochette et tout le tremblement, à la vue et au su de l’assemblée entière, je me serais précipité sur son aiguière d’eau si pure, et comme je m’en serais désaltéré ! Au risque d’encourir toutes les foudres de l’Église, je ne lui en aurais pas laissé une goutte. Je me figurais l’air pétrifié du dignitaire ecclésiastique, les exclamations du gentil garçonnet, à la vue d’un chasseur sale et hâlé s’emparant sans façon