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automatique d’accumulation, quels que soient d’ailleurs les modes de son application et leur utilité, qu’il devienne capital-salaires, capital technique ou capital improductif.

Le fait que le capital rapporte un profit, indépendamment de ses modes d’emploi, permet l’augmentation indéfinie du capital technique et de l’improductif et le constant accroissement de leur importance par rapport à celle du capital-salaires dans le total formé par ces trois sortes de capitaux. Voilà pourquoi la classe capitaliste a pu accumuler démesurément sans provoquer une amélioration sensible des conditions économiques des travailleurs.

Mais le régime actuel de la propriété privée ne crée pas seulement, par la séparation économique du travailleur d’avec son instrument de production, le profit et l’automatique accroissement des capitaux ; il assure en outre, grâce à l’institution de l’héritage, la persistance indéfinie du processus de l’accumulation privée. Celle-ci ne pourrait pas (surtout, nous le verrons, après élimination de la Spéculation malsaine) dépasser certaines limites si l’héritage ne lui conférait une continuité d’action non interrompue par la mort du capitaliste. La transmission héréditaire rend immortels les capitaux privés et leur permet de s’accroître au-delà des bornes imaginables, car l’héritier n’a pas à recommencer depuis le commencement : il n’a qu’à laisser le processus d’auto-accumulation continuer entre ses mains à partir du point où il était à la mort du testateur. Et quand même son patri-