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moine irait sombrer dans une crise ou au gouffre de la spéculation, il n’en demeurerait pas moins — en passant presque intact, sauf la portion vraiment détruite, en d’autres mains, et ordinairement en celles d’un spéculateur plus rusé ou plus heureux — à l’état de propriété privée, sans que ce changement arrêtât peu ou prou le processus d’auto-accumulation.

L’hérédité des biens accorde donc au processus de l’accumulation automatique du capital privé une continuité indéfinie. Par là, il favorise le dénivellement excessif des fortunes et toutes les funestes conséquences qui en résultent.

Aujourd’hui, la rapidité d’accumulation d’une partie des avoirs, des plus considérables surtout, tend à s’accroître et devient même parfois vertigineuse, grâce à l’influence de causes puissantes. Parmi celles-ci, rappelons surtout la rapide augmentation de la population qui, au cours du XIXe siècle, a été cause d’une vitesse d’accroissement inconnue jusqu’ici de la rente foncière, et d’une vitesse d’accroissement plus grande encore de la rente des terrains bâtis ; rappelons aussi la concurrence qui, entièrement dégagée de l’entrave des lois, des règlements, des coutumes féodales, peut, grâce en outre à l’extraordinaire facilité actuelle des communications, s’exercer d’une manière acharnée sur toute la surface terrestre : c’est la concurrence qui permet aux plus riches des capitalistes contemporains le prompt anéantissement des autres, et en courage tous les excès de la spéculation.

La constitution juridique de la propriété de-