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CHAPITRE II

LES ARGUMENTS EN FAVEUR DE L’HÉRITAGE

Nous avons, dans le chapitre précédent, fait la critique de l’institution de l’héritage. Il convient maintenant de passer en revue les divers arguments qui ont été mis en avant pour la défense de cette institution. Ces arguments, comme on va voir, sont pour la plupart sans valeur. Mais il en est un cependant auquel il nous sera impossible de ne pas reconnaître une très grande force.

I

On a voulu souvent donner pour fondement juridique à l’hérédité des biens les devoirs des parents envers leurs enfants. Un père, dit-on, a le droit de disposer de ses biens en faveur de ses enfants, parce qu’il a envers eux le devoir d’assistance. Cet argument n’est évidemment pas valable. En effet, ce devoir des parents envers leurs enfants est fondé sur des lois biologiques qui gouvernent tout le règne animal et qu’il convient à la société, même à un point de vue purement utilitaire, de sanctionner dans l’ordre juridique et dans l’ordre moral, afin de n’avoir pas à s’imposer une fonction