Page:Rignano, La question de l’héritage, 1905.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
- 36 -

Même en supposant comme sources premières des capitaux actuels le travail honnête et l’épargne des générations passées, ces capitaux n’en sont pas moins pour cela des moyens de travail indispensables à l’ouvrier. Si donc, de par le simple hasard de la naissance, ils font défaut à la grande majorité des travailleurs tandis qu’ils échoient en propriété exclusive à des gens qui, sans avoir rien fait pour les mériter, peuvent, grâce à eux, disposer arbitrairement de la force de travail des autres, la transmission héréditaire des fortunes n’est plus que la transmission de la faculté d’exploiter ; et au lieu de représenter simplement, pour ceux qui les reçoivent, la possibilité de consommer des objets épargnés à leur intention, elle représente le pouvoir de s’approprier gratuitement le produit actuel du travail d’autrui. Et si cette appropriation gratuite d’une partie du travail d’autrui peut être considérée, par rapport au capitaliste accumulateur du nouveau capital, comme une récompense due à sa peine et à sa frugalité, bienfaisantes créatrices de la nouvelle accumulation, comment ne pas voir en elle une injustifiable usurpation et un inique parasitisme, par rapport à l’héritier ?

« En imaginant, dit Spencer, un rouage mécanique nouveau ou partiellement nouveau, en lui donnant un caractère d’utilité pratique, en inventant quelque procédé différent ou meilleur que les procédés connus, l’inventeur » (et on pourrait en dire autant, se-